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TEXTES DE DIVERTISSEMENT (PAR YAN DEXTER DOLT)

en écho au projet Première impression

 

- dialogue : entre une action, et plus précisément, et ses raisons... -

 

      1.

      Annoncé ainsi presque en vedette américaine, il me revient en mémoire le petit cinéma de quartier de mon enfance. Là, entre le documentaire et le film après les actualités et avant les publicités sévissait un petit divertissement, petit spectacle d’entracte propice à la vente de pop corn et d’esquimaux, prélude gustatif et visuel aux grandes épopées héroïques ou cow-boys ou machistes en polystyrène hollywoodien enfourchaient le grand combat du bien contre le mal ! Déjà ! Textes de divertissement ! Pourquoi pas ! D’autant plus que la formule vient de moi ! J’ai un petit faible pour ce qui est léger, les textes de petites formes, textes où l’on se fait plaisir à défaut de textes de plaisirs ! Bref des petites bafouilles pas trop débrayées stylistiquement, serrées dans l’écriture, lisibles autant par la boulangère que par le docte professeur d’université ! De quoi faire baver d’envie nos inénarrables communicants, nos vénérables animateurs socio-culturels (ou ce qui en reste), un produit apte à la joie enfantine des amateurs de pâtisseries fines autant qu’à la fonction de coupe faim pour la rapide cuisine littéraire des halls de gare ! Bref, des textes simples sans être trop simplistes cependant, jamais vulgaires et consommables en l’état – pour peu qu’un état soit consommable – ce qui est une autre histoire ! Du publiable facilement, rentable juste de quoi renter dans les frais sans jamais bien sûr prétendre au best steller ! Bref de la petite musique savante pour écoute distraite avec l’humour en plus ! Donc des textes vaches autant que vachement bien ! Des textes pour rire du coin de l’œil plutôt que de s’épancher dans les larmes narcissiques de l’incompréhension du monde ! Bref des petites machines parfaitement adaptées à l’époque !
      Suis–je à ce point inconscient du catastrophisme ambiant, de la guerre et de la mort, insensible au puissant mouvement culturel de la marchandise folle et des produits marketing de la diffusion communicationnelle tout azimut ! Mais non mais non ! Mais que voulez-vous le capitalisme me fascine ! Surtout depuis que j’ai découvert qu’il pense et qu’il pense malin ! Certes ce n’est pas un scoop ! D’autres avant moi et bien plus prestigieusement que moi l’ont dit dans des termes consumant ! Mais comme moi aussi je pense, ceci crée entre moi et le libéralisme fou une folle complicité ! Non pas une complicité de pensée mais une complicité de dé-pensé. Le capitalisme pense que chaque instant bien utilisé est rentable et moi je pense que chaque utilisation des instants pour penser est un déficit positif ! Donc nous sommes tous deux obsédés par le positif et le rentable ! Démocratiquement : un but partout ! Certes le capitalisme a beaucoup plus d’argent que moi ! Mais j’ai aussi quelques économies à la Caisse d’Épargne ! Suffit de faire attention à la consommation et je m’en sors ! Ça relance pas l’économie mais ça titille ! Ça titille ces petits moments de grâces légères exilées dans l’apesanteur fragile de la gratuité, du plaisir de ce qui avance cahin caha sans bataille exhaustive, une petite pensée de quatre sous éclatant comme une bulle de limonade, recueillant enfin une fugitive image, halte pour une humble prière reléguée dans le zapping de la vitesse lumière de l’insensé ? Mais non !!! Un tout petit texte de divertissement entre les documentaires et la publicité, entre la glace et le pop corn genre mineur publicité 79 avenue des Champs Élysée Paris !
      Du divertissement je vous dis !

Yan Dexter Dolt, août 2006

 

      2.

      Chercher un nom ? Mais tout le monde cherche à se faire un nom ! Tout le monde cherche un nom comme on cherche une place de parking, un grand amour, du travail, un sens à sa vie ! Nous on cherche un nom pour notre musée ! Et ce n’est pas simple ! Notre musée c’est ce magnifique bâtiment administratif où nous avons passé plus de trente ans de notre vie, toi comme standardiste et moi comme gardien de formulaires ! Le musée des utopies, le musée des anciennes névroses, le musée des notes de services, le musée de l’éternel classable ? Oui Mimine ! Le musée de l’ancienne administration ! Pourquoi tout s’est-il effondré si vite ? Pourquoi veulent-ils tout raser ? Un si beau bâtiment !
       ET bien non ! Il ne disparaîtra pas ! Dans une présentation moderne on exposera toute la paperasse de cette époque ! Pédagogique Mimine ! Un exemple pour la jeunesse ! Tu vois dans le genre plus jamais ça !!! On a tout gardé ! Mais d’abord il faut classer ! Opérer un bon archivage ! Du vrai classement horizontal, vertical et parallèle comme à l’époque ! Des tonnes Mimine ! Des tonnes de documents : formules de politesse adaptées pour les courriers urgents exigeant une réponse rapide, formules de politesse pour les courriers ayant un caractère de moindre urgence, formules de politesse pour les courriers n’exigeant pas de réponses, notes de valorisation des réponses destinées à l’acheminement de celles-ci vers les différentes instances des contrôles hiérarchiques, charte graphique homogénéisant les mises en pages, typographie conformes, nature des courriers, visas administratifs adéquats pour communication interne, visas des différents chefs de service, visas des différents cabinets, visas pour avis, fiches de notations, rapports interne et externe sur la fiabilité politiques des collaborateurs, relevés des écoutes téléphoniques et des mails personnels, listes complètes des clefs des différents bureaux et listes des agents en ayant la responsabilité, contrôles et règlements de la jouissance des ascenseurs réservés au service, listes des servitudes concernant l’utilisation des toilettes, conventions types en six exemplaires pour les prêts d’agrafes, contrôles des devis administratifs, des devis comparatifs des différents fournisseurs, listes complètes des imputations, consignes précises et incontournables pour les mesures sécuritaires concernant les pigeons morts, consignes concernant la divulgation des codes d’alarmes, consignes de sécurité incendie, notes concernant les visites médicales, et surtout dépôts des dates de vacances, ainsi qu’en relation étroite avec le service communication les autorisations précises des images engageant la marque de l’administration ! Sans oublier Minime les convocations aux réunions de services… Une grande page intacte de ce temps pieusement conservée par nous ! Une fortune ! Mimine, une fortune !
       Avec le nouveau tourisme, nous allons nous faire des couilles en or ! Faudra présenter tout ça « avec des moyens inédits et interactifs afin de donner une véritable synergie à l’ensemble du projet muséographique qui se voudra résolument moderne dans un contexte valorisant la nouvelle plus value culturelle ».
      Quand nous aurons fini les nouveaux dossiers performants, les études de faisabilité pointues, les recherches de subventionnements ciblés, les angles de managements adaptés, les capacités d’accueil optimales et l’étude d’une architecture innovante, nous seront fiers de notre nouveau challenge qui représente un créneau porteur d’une incontestable originalité sur un marché communicationnel non perverti par la bureaucratie technocratique déconnectée du réel !
       En toute liberté, Mimine,
il ne reste plus qu’à trouver un nom à notre musée !

Yan Dexter Dolt, août 2006

 

      3.

      Nous nous demandons souvent pourquoi nous nous posons tant de questions ! L’autre jour nous mangions ensemble : tu m’as demandé de « commettre » un petit texte.
      Un petit texte pour répondre à une question d’apparence anodine.
      Très souvent les questions anodines génèrent chez moi des vertiges insurmontables ! Je me souviens de ce moment où tu m’as regardé droit dans les yeux, entre le fromage et la salade, tu m’as demandé ce qu’était l’art pour moi. Pas plus, pas moins non plus !!! Un de ces moments quasi métaphysiques en pleine dégustation, une superbe contradiction digestive !!! Tu savais ce que tu faisais bougre d’animal !!! Désarçonné, j’ai balbutié quelques savants lieux communs dont j’ai le secret, vieille habitude de sauvegarde hâtive que j’ai prise au contact des politiques que je fréquentais assidûment dans le cadre de mes activités culturelles !!! Devant mon savant désarroi, pris de pitié tu as décidé d’en rester là !!! À charge pour moi de creuser la question ultérieurement, avec un espoir de réponse pour le jour de ton mariage ! Puis la vie a continué !!! La vie est une intense communication, tu le sais bien, quelquefois une sorte de numéro de téléphone que l’on fait convulsivement, d’une manière irraisonnée et souvent sans espoir ! Non rassure-toi je ne suis pas dépressif mais il faut que je te raconte que j’ai essayé plus de dix-huit fois de joindre France Telecom pour un petit détail de facturation ! Et dix-huit fois une voix aussi magnétique que juvénile m’a répondu d’une manière sirupeuse que « toutes les lignes de votre correspondant étant occupées, veuillez renouveler votre appel ultérieurement » !
      Alors qu’est-ce que l’art pour moi ? À ce jour je n’en sais encore rien ! Mais ce dont je suis sûr, c’est que l’art est tout le contraire de la voix magnétique de France Telecom ! L’art c’est peut être une voix humaine qui chante, murmure, cherche sa parole, qui respire et s’essouffle, espère rêve pérore agace, ou émeut jusqu’aux larmes… Peut-être !!! Ou bien est-ce « ce tout et ce rien ensemble », si précieux face à la voix magnétique de France Telecom qui, elle, n’est simplement que le « rien » du tout !
      Voici pourquoi quand je t’entends chanter, rire et réciter tes poèmes, je sais que pour dire à ta J plein de choses gentilles, tu n’as pas besoin d’appeler France Telecom, d’appuyer sur la touche étoile de composer le 1 puis le 2 afin d’entendre une voix magnétique qui répond indéfiniment dans la nuit que « toutes les lignes de votre correspondant étant occupées, veuillez renouveler votre appel ultérieurement » ! Veinard, va !
      Tu vois, « l’art » pour moi, c’est d’abord oublier à jamais la voix magnétique de France Telecom ! Pour le reste je continue à réfléchir ! Et tous mes vœux de bonheur, pour toi et pour J !

Yan Dexter Dolt, août 2006

 

      4.

      Quand les illusions s’effondrent avec la surprenante majesté des tours du World Trade Center percutées par les missiles de l’ultra-libéralisme religieux, lorsque le politique ne se réduit plus qu’à de la vague communication spectacle, lorsque les croyances ne sont plus crédibles, lorsque que le bon sens devient insensé, lorsque la droite se pare d’habits de gauche et la gauche de costumes de droite, lorsque le centre est décentré, lorsque Dieu est mort pour la millième fois et que toutes symboliques non rentables sont impitoyablement éliminées, il ne reste plus qu’une hypothèse : le marché ! C’est-à-dire la proéminence de l’argent, de la marchandise sans aucun garant moral. Mais pour étudier le marché, il faut être intelligent ! Ça s’étudie ! On appelle cela une étude de marché ! « Produire un produit », c’est le propulser sur une aire spécifique, une mise en orbite avec lancement adéquat vers le saut dans l’inconnu, comme disait le bon vieux Marx ! Le marché aurait comme ambition de combler un manque ! Or ce qui manque le plus actuellement c’est du sens ! Entendons un sens un peu plus original que consommer ou travailler pour « gagner sa vie » (pour la majorité — gagne t-on sa vie par « le travail » dans la société française actuelle — si oui ou non de quelle perte ?) Or dialectiquement, cette perte correspond aussi à un marché que j’appellerai le marché de la dépression ! Ce sens perdu qui fait que des millions de gens ne se retrouvent ni dans la gauche ni dans la droite ni au centre et qui en désespoir de cause visent le périphérique neurolexique !!! Des millions de gens en souffrance, déracinés autant de toutes les utopies généreuses, que des concrets élémentaires : un magnifique marché en perspective ! Un magnifique marché servit tout cuit par l’ultra-libéralisme ! Autant dire un marché en pleine expansion ! Coté en bourse, le marché du désespoir ! Qu’il en soit remercié ! Que soient aussi remerciés les politiques et toutes les institutions fossilisées ! Que soit remercié le bullocratisme fustigé par Jean-François Khan ! Que soient bénies nos démocraties « vertueuses » qui vont nous permettre de nous faire des couilles en or ! Vive l’argent !!! Enrichissons-nous !
      Commercialiser les pertes des destinées humaines réduites à néant par la folie du profit en rentabilisant une nouvelle pensée qui rétablirait l’humain au centre des préoccupations. Supprimer l’incompétence des castes, renvoyer les fratries politiques ou autres dans les trappes de l’histoire, fustiger ce que Guy-Ernest Debord appelait le désordre hiérarchique et la bureaucratie crasse, socialiser les expériences, faire du travail un lieu de réalisation de l’être et non pas une névrose stérile de concurrence, supprimer les lèches culs de la petite carrière de proximité, créer de la réflexion commune et de l’action concertée sans haine ni flatterie écouter tout le monde (avec ou sans papiers) générer de l’énergie joyeuse, coucher tout ça dans un produit commercialisable et mettre en vente à un prix dérisoire TTC : c’est la fortune assurée !
      Même en se payant le luxe de rester correct face aux démagogies simplistes, en exploitant la faille du politique et du social qui ne satisfait plus le marché réel de la douleur sociale, le cynisme, le mercantilisme pragmatique, la dénonciation des procédés de basses polices, les atteintes de plus en plus fortes aux démocraties de pensées, la communication propagande, et la perte de sens, un énorme gisement de profits pourrait être nettement mieux exploité ! En rackettant les grandes autoroutes de la communication conforme, le libéralisme (sans doute par idéologie) laisse de côté et marginalise tout ce qui ne lui convient pas ! Et bien tant mieux ! Ce qui ne convient pas au libéralisme actuel est ce qui ne convient pas par « défaut d’excellence » à des milliers d’humains en quête d’avenir !
      Si l’ultra-libéralisme est malin, ne soyons pas plus bête que nous sommes. Face à la « culture » béate déconnectée et conforme créons la « Culture Intellectuelle Dissidente et Opérationnelle » (C.I.D.O.) ! À chacun son marché ! Au train où va le mécontentement nous seront bientôt coté en bourse ! Un seul problème quand même, si par hasard nous arrivions à une société intelligente et fraternelle quel nouveau malheur inventer pour relancer l’économie ? Si ce cas de figure se vérifie : rien ne nous empêche de faire appel à la caste ! Le marché négocié c’est l’avenir de la culture !

Yan Dexter Dolt, décembre 2006

 

      5.

      En période d’épuisement des nappes phréatiques de l’intelligence dangereusement touchées par un réchauffement à blanc de la planète marchandise, le marketing du plaisir atteint le comble des plus values cotées au CAC40 de l’hédonisme conforme !!! Consommer du spectacle consommer de la culture se divertir de tout et de rien même de la catastrophe consommer du savoir pré mâchés, du savoir déjà digéré, du savoir en kit pouvant être congelé et réchauffé à tout moment, le fast-food de la culture atteint des sommets de sophistications commerciales inimaginables et vertigineuses ! Cette folie génère la construction d’un sujet chloroformé, assommé de tout et de rien librement anéanti par l’illusion de lui-même et, comble du paradoxe, plus du tout apte à la consommation proposée par le libéralisme fou !!! Donc attention ! J’attire l’attention de tous les néo-libéraux de la planète terre. Non seulement vous êtes en train de scier la branche sur laquelle vous êtes assis, mais en plus vous nous faites chier ! Le libéralisme sauvage et son politique spectacle génèrent une démocratie d’ennui, de surconsommation et de communication bidon dont personne n’est dupe ! Vous nous faites agoniser d’ennui ! Effrayante singularité ! Que deviendrait un marché potentiel uniquement constitué de sujets agonisants et baillant sur le vide ? Sujet sans pensés perfusées, autistes, inaptes à la parole incapable de communiquer leurs plus élémentaires besoins de faute d’en avoir ingurgités des totalement inutiles pendant des décennies ! Je pousse un cri d’alarme ! Il faut sauver la potentialité du marché culturel ! Sinon c’est la catastrophe ! Sans consommateurs ni produits répondant à son besoin, le marché de la vraie culture est en jachère ! ! Du pointu ! Messieurs ! Du pointu ! Quittez TF1 ou M6 ! Ils vous faut absolument faire un ou deux stages chez Arte and co. Sinon, allez voir là–bas si j’y suis ! C’est impératif ! Cultivez-vous ! Finissez impérativement vos deux ou trois albums de coloriages si laborieusement commencés ! Le peuple a faim de culture ! Un peuple qui a des fringales culturelles est apte à la démocratie. Le marché court un grand danger : la médiocratie n’est plus adaptée. Le marché de la médiocratie est saturé vive la plus value de la vraie culture !
      Faut quand même apprendre à penser l’avenir dans vos boîtes à la con ! Sinon qu’est-ce qu’on va faire de vous, directeurs de services culturels en costumes de premiers communiants, directeurs de marketing, nomenklatura des assagis du bocal, amateurs de la Star Académie, de la mode bobo, et petits chefaillons des officines de la communication journalistique ou autres… ! Qu’est-ce qu’on va faire de vous ? Des politiciens ? Certainement ! Que pourriez-vous faire d’autre ! En attendant faisons une étude de marché sérieuse pour un futur créneau porteur tellement porteur qu’il risque de vous emporter là où vous ne voulez pas aller ! Pour le plus grand bien de tous ! Même les banquiers deviendraient cultivés, capables d’ouvrir des galeries d’art ! Un capitaliste de rêve que je vous dis !
      Mais en attendant : contentons-nous du cauchemar ordinaire !

Yan Dexter Dolt, janvier 2007

 

      6.

      C’est souvent dans la fatigue d’un soir de grande tempête, que vient la formidable paix sans espoir ! Comme l’heure d’un bilan sans cesse recommencé sans cesse contesté sans cesse remis sur les chantiers de l’aléatoire pour se perdre dans les nuits sans lune d’un hypothétique lendemain ? France mère hagarde, mère épuisante qui semble sans terre ni espoir terre sans départ ni retour bientôt presque sans présent ni avenir. Sans présent ni avenir… uniquement rivée à un passé mystifié terre qui ne fut très souvent qu’illusion auquel il fallait donner un nom comme l’on pouvait dans les or et le décorum d’un moment. France devenue numérique télévisuelle, communicationnelle, institutionnelle et sempiternelle, tu ne m’amuses plus, tu n’es plus que l’ombre fantomatique d’un passé d’invention et de fabrication. Et pourquoi pas ? Le comique des situations ubuesques de ta bureaucratie de merde ne me fait plus rire. Je voudrais que tu deviennes joyeuse, aussi sérieuse que frivole comme une jeune et belle une jeune et belle femme qui n’aurait plus le courage d’être indigne ! J’en ai marre de tout ce cinéma de toutes ces stratégies de polichinelle, de tout cet américanisme de bas étage fait pour des gratte-cheveux qui se prennent pour des gratte-ciel.
      France mère hagarde, Bertolt toi qui hurlait la tonicité des non illusions allemandes de l’époque pourquoi mon pays dont je parle les langues et possède tous les défauts comme toutes les qualités est-il si malade ! L’ombre d’un roi soleil symbolique éclipse-t-il la lumière si délicate d’une fragile démocratie crépusculaire, encore tout étonnée d’être parce que sans réelles incertitudes de transformation ??? Nous ne cherchons que des recettes de pacotille politique dans les brillances éclatées d’un miroir en miette… Pourquoi sommes nous devenu presque étranger à nous même, surtout lorsque nous affirmons la préférence nationale ! Est-ce que cette fameuse mondialisation dont on nous rabâche les oreilles comme cause de tous nos maux n’était déjà pas là, en nous, y compris dans ces réductions de la pensée les plus provincialement avancées ! Nous cherchons toujours des causes extérieures pour nous protéger des vraies intériorités ! Mon cher pays, faudrait-il que malgré tout çà je continue de t’aimer ? Sincèrement je n’en suis plus si sur ! Il est sur que j’aime cette façon de prononcer le français d’ici, cette façon de me remémorer l’enfance. Mais je ne véhicule pas l’illusion moisie d’une terre natale et d’un sol de l’origine sacré parce qu’il « est » et que j’y suis « né ! »... Je ne suis toujours pas propriétaire d’une parcelle de ta surface pour y installer une maison qui ne serait vite qu’une spéculation de plus ! Quand au tout-à-l’égout pour l’horreur obligatoire je ne l’installerais pas dans une tranchée de Verdun déjà préparée depuis plus de 80 ans... S’il est vrai que j’aime ta langue et les mots de notre quotidien j’ai entendu les mêmes dans bien des coins de Bruxelles, de Genève, de Montréal et d’ailleurs… C’est comme ça, je dois avoir l’oreille nomade… ! Je ne suis pas né assez riche ou assez stable pour devenir propriétaire. J’ai toujours aimer la liberté du vent et la grande immensité des terres qui m’étaient encore inconnue. France mère hagarde comme je voudrais que nous regardions le monde avec les yeux de la belle humanité dont très souvent tu te réclames ! Un pays mérite autant ses citoyens que ses citoyens le méritent. Si tu n’aimes pas la France… Et si c’est la France qui ne t’aime plus, choisit le nul part mais sans avoir la prétention d’être citoyen du monde !
      Quant au partir-rester c’est sans doute la dernière illusion qu’il me reste pour m’installer dans un rocking-chair ou je puisse enfin m’endormir la tête dans les étoiles, un beau soir d’été, tranquille loin de toutes les hystéries financières et dans la poésie sacrée d’un beau conte d’enfance retrouvé presque malgré moi !… Un conte français bien entendu !…

Yan Dexter Dolt, janvier 2007

 

 

voir également le texte publié après la première présentation de Première impression